Le Milan de Sacchi
Sacchi a obtenu des résultats exceptionnels. Nous savons tous ce qu'il a gagné avec le Milan; tous ne savent pas qu’il tout de suite gagné dès sa première année d’entraîneur le championnat amateurs avec Fusignano. Il a gagné le titre de champion Primavera (c'est-à-dire des garçons jusqu'à 19 ans, les pépinières des équipes professionnelles) avec Cesena en gagnant 26 matches sur 32 et 5 nuls, en marquant 82 buts et en en encaissant que 10.
Pourquoi alors a t-il été si discuté? Je crois pour beaucoup de motifs. Avant tout parce qu’il a été un innovateur. Sur le papier nous sommes tous du côté du progrès, en réalité l'homme est naturellement conservateur. Les changements sont risqués, tout ce qui ne fait pas partie de nos habitudes est un danger. Nous aimons seulement ce que nous connaissons.
Pourquoi alors a t-il été si discuté? Je crois pour beaucoup de motifs. Avant tout parce qu’il a été un innovateur. Sur le papier nous sommes tous du côté du progrès, en réalité l'homme est naturellement conservateur. Les changements sont risqués, tout ce qui ne fait pas partie de nos habitudes est un danger. Nous aimons seulement ce que nous connaissons.
Du football nous exigeons à plus forte raison des assurances. Et un de nos points de référence. Nous lui confions une partie importante de notre quotidien, de lui nous voulons des certitudes. Sacchi a par contre renversé notre manière de vivre et voir le football. Il n'a pas été facile de le suivre. Il pose un problème très pratique et presque toujours sous-estimé. Jouer les prophètes à l'époque du renseignement quotidien et global est très difficile. Si je suis au contact continu avec la pensée du maître, si je vois sur son visage grandir les signes d'un rhume puissant, si je sais qu'il aime les pop-corn ou s'il se lève la nuit pour manger en cachette du nutella, on est moins porté à le prendre au sérieux. Comme mon voisin d’à côté. Et sur notre palier il ne grandit jamais de génies. Dans le football il y a une surexposition monstrueuse et tumultueuse supportable tant que les résultats soutiennent l'image. Mais quand les résultats viennent à manquer, il reste sur le seul plat notre inévitable et pas enthousiasmante normalité. De là apparaît notre besoin de la vengeance. Faire payer au maître, à sa diversité, tout le désordre auquel il nous a contraints.
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Quand il arrive à Milan c'est un technicien jeune de 41 ans qui n'a jamais mis les pieds en série A. Silvio Berlusconi l'accueille déjà royalement à Milan et l'entoure de grandeur. SACCHI se défend avec sa faim de gloire, son évangile d'ascète et l'astuce sèche de sa terre. Il a les yeux spirituels, le sourire fixe. Comme Brera l’écrit, il semble souvent en conjonction directe avec Dieu. Ses joueurs ne l'écoutent pas. A Franco Baresi il fait voir les films de Signorini, le libéro de Parme en série B. Il n’est pas compris, il est sous-estimé, puis commencent les défaites, la méfiance arrive. Il se sent aux prises avec un devoir plus grand que lui. Après tout qui est il ?, c’est ce qu’on se demande dans les salons milanisti et, ce qui est pire, aussi dans les vestiaires. Ainsi un jour il les prend tous à part, il ferme les portes de Milanello et crie que lui est disposé à revenir à Fusignano mais qu’eux n’ont rien gagné et qu’ils ne gagneront rien. Je ne sais pas si c’est son parler vrai ou son charisme, mais le fait est que tous les Milanais ressortent gonflé comme un ballon. Berlusconi le respecte, il recommence à croire en lui. Et quand l'équipe s’en va jouer à Vérone pour un match crucial pour la saison, donc crucial pour SACCHI, le président se met à la porte du vestiaire. À tous les joueurs qui passent tour à tour il répète la même chose: « qu'entre SACCHI et l'équipe je choisis SACCHI ». Le message passe, le Milan gagne. Il n’arrêtera plus de le faire pendant très longtemps.
(article excellent de Mario Sconcetti pour le magazine Allenatore)