El Clasico: European Cup 1984 1985 Bordeaux Juventus

Semi Final, Second Leg

Parc Lescure, Bordeaux

24 Avril 1985

43 000 Attendance.
Referee : M. Lamo Castillo

Au lendemain du match aller à Turin, où les Girondins avaient encaissé un 3-0 net et sans bavure, le quotidien sportif l'équipe titrait : « La Juve, c'est autre chose ! » Certes, les Turinois étaient autrement forts que Dniepropetrovsk, le Dinamo Bucarest ou l'Athletic Bilbao, les victimes des Bordelais lors des tours précédents. Mais les Girondins, joueurs comme dirigeants, sont gens susceptibles ; pour eux, ce titre voulait dire : la Juve, c'est autre chose que... Bordeaux !

Vexés, je vous dis pas ! Quel dommage que ce titre ne soit pas venu le matin du match ! Car c'est précisément dans la vexation née des critiques proférées à leur encontre que les Bordelais ont puisé la motivation qui leur a permis de réussir un remarquable match retour et, même, de frôler l'exploit ! Bordeaux l'emportait par 2 à 0, mais il manquait un petit but pour combler le handicap de l'aller. Sur l'ensemble des deux matches, on peut estimer que la qualification des « Bianconeri » est justifiée, mais il reste que les Girondins ont montré, sur leur pelouse, qu'ils étaient pratiquement au niveau des champions
italiens. Autant ils étaient passés à travers à Turin (excusez-nous, Messieurs les Bordelais, d'y revenir!), autant ils ont dominé les débats au Parc Municipal. Pour tenter de réaliser l'impossible, Aimé Jacquet avait changé de tactique : Michel Platini, libre de ses mouvements à l'aller, avait été dans le coup des trois buts ; à Bordeaux, il fut confié à l'attention virile de René Girard. Face au pressing des Bordelais et à celui de son adversaire direct, Michel dut se contenter d'un rôle plutôt défensif, ne distillant qu'en de rares occasions ses passes millimétrées.

Il faut dire que d'entrée, les Bordelais prirent le match en main. Ils mirent évidemment quelques minutes à trouver leurs marques, compte tenu du rigoureux système défensif individuel adopté par les Italiens, puis prirent peu à peu l'ascendant, concrétisant leur supériorité dès la 24e minute grâce à un superbe travail de Bernard Lacombe sur l'aile droite et un joli tir croisé de Dieter Millier. Ce même Dieter Miiller faillit d'ailleurs récidiver juste avant la mi-temps, mais Bodini était sur la trajectoire. Un Bodini qui allait être à l'ouvrage tout au long de la seconde période, tant Bordeaux sut se créer d'occasions. S'il ne put rien contre le formidable tir de Patrick Battiston, qui frappa le poteau avant d'entrer dans les buts, le gardien italien eut quand même deux arrêts-réflexes décisifs, sur un tir violent de Tusseau, d'abord, puis surtout sur une reprise soudaine de Jean Tigana que l'on voyait déjà au fond et qui aurait pu offrir aux Bordelais les « joies » de la prolongation, voire de la finale. Pour être juste, il faut dire que M. Lamo-Castillo oublia de siffler un penalty contre Bordeaux, pour une faute indiscutable de Tusseau sur Boniek. Bordeaux a donc terminé sa campagne européenne de fort belle façon, les armes à la main, pour employer l'expression consacrée. Les champions de France avaient manifestement déjà franchi un palier au plan national, ce que confirme leur domination en championnat de France. Ils ont prouvé, en ce 24 avril, qu'ils étaient maintenant arrivés au plus haut niveau du football européen.